Depuis l’instauration du reste à charge de 100 € sur le CPF en mai 2024, le monde de la formation professionnelle retient son souffle. Les chiffres sont sans appel : -30 % de dossiers validés en mai, -40 % en juin, -41 % en août, selon les données de la Caisse des Dépôts.
Mais faut-il vraiment s’en inquiéter ?
Et si, au contraire, cette inflexion était l’occasion rêvée de remettre l’entreprise au cœur du jeu ? D’assumer pleinement ce que le CPF a toujours voulu être : un outil de coconstruction des compétences, à l’initiative de l’individu, mais en partenariat avec l’entreprise.
Dès l’ouverture de la conférence, David , fondateur de la startup A***ie des talents, l’admet : "Oui, les chiffres sont en baisse. Mais c’est peut-être une chance."
Dans le panel d’intervenants de Centre Inffo, une idée revient : l’époque des formations “bouton magique” est révolue. Le CPF gratuit avait permis à des millions d’actifs d’accéder à la formation, mais parfois sans réflexion stratégique sur le sens ou le retour sur investissement de cette démarche.
Arnaud Portanelli, cofondateur de Lingueo (organisme spécialisé en formation linguistique certifiante), confirme :
"Quand c’est gratuit, c’est toi le produit. Aujourd’hui, les salariés se posent enfin la bonne question : pourquoi je veux me former, et dans quel but ? C’est une opportunité pour tous les responsables RH."
Le Baromètre de la formation 2025 nous le dit : 58 % des actifs déclarent avoir pris eux-mêmes l’initiative de leur dernière formation. Et près de 40 % affirment avoir échangé avec leur employeur à ce sujet.
“Avec ce ticket modérateur, on crée du lien. On recrée de la discussion autour des compétences entre collaborateurs et RH”, souligne Guillaume le Dieu de Ville, également cofondateur de Lingueo.
Dans la conférence, plusieurs intervenants évoquent la transformation silencieuse du CPF en outil de co-financement stratégique. Les entreprises prennent davantage l’initiative de proposer d’abonder les projets de leurs salariés :
Myriam L, responsable de la formation chez M***x, l’exprime sans détour :
“Ce reste à charge nous oblige à faire un pas vers nos collaborateurs. On veut les accompagner dans cette dépense. C’est aussi une manière de mieux piloter nos budgets formation.”
Le Baromètre de Centre Inffo nous donne plusieurs chiffres clés qui confortent cette évolution :
Pour les directions des ressources humaines, c’est un vrai tournant culturel.
On passe d’un CPF “solitaire” à un CPF “partagé”.
“C’est exactement ce que nous avions anticipé chez Lingueo”, explique Arnaud Portanelli. “On a réorganisé nos offres pour permettre aux entreprises de suivre la progression des apprenants, et surtout de cofinancer facilement, à travers des modules sur-mesure.”
Ce changement n’est pas qu’un effet d’opinion, il est structurel.
Le CPF avec reste à charge redonne un pouvoir d’action aux acheteurs de formation, souvent marginalisés ces dernières années.
“Le CPF était devenu une boîte noire pour les responsables formation. Avec l’abondement, ils redeviennent acteurs, garants de la qualité, et co-décideurs”, souligne un intervenant de la conférence, représentant une grande entreprise de l’énergie.
Certains grands groupes évoquent déjà l’intégration d’un "CPF Manager" dans les équipes RH pour piloter ces nouveaux usages.
"Ce qu’on voit dans le retail, l’hôtellerie ou les services, c’est que l’employeur qui cofinance est mieux vu, plus attractif, et plus impactant”, ajoute Guillaume le Dieu de Ville. “Et pour une fois, ça ne coûte pas une fortune.”*
Le CPF avec reste à charge serait-il en train de devenir enfin un vrai outil RH ?
C’est l’avis d’Arnaud Portanelli :
“Le CPF gratuit, c’était l’ère de la consommation. Le CPF avec ticket modérateur, c’est celle de la responsabilité. C’est là que les acheteurs de formation peuvent vraiment retrouver un rôle stratégique.”
Du côté de Centre Inffo, on note une volonté partagée de “repolitiser” le CPF.
C’est-à-dire, le replacer dans un débat sur l’employabilité réelle, l’inclusion, l’évolution des métiers, et la place des compétences dans la performance économique.
La formation reste un droit. Mais un droit qui se pense, qui se construit, et qui se partage.
Le CPF version 2025 ne doit pas être vu comme un outil affaibli, mais comme un instrument enfin intégré aux politiques RH. Un outil plus adulte, plus cohérent, et plus collaboratif.
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